18 May 2025
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Les soins de santé mentale en Suisse après la pandémie : état des lieux
Un coup de projecteur sur la publication de Richter, D., Hepp, U., Jäger, M., & Adorjan, K. (2025). Mental health care services in Switzerland – the post-pandemic state. International Review of Psychiatry, 1-7. doi:10.1080/09540261.2025.2479596. Les auteurs ont eu recours à la littérature grise rédigée dans les deux principales langues nationales, l’allemand et le français.
La Suisse bénéficie d’un système de santé parmi les plus performants au monde, mais la pandémie de COVID-19 a profondément bouleversé l’organisation des soins, en particulier en psychiatrie. Dans cet article de référence les auteurs analysent l’état actuel des services de santé mentale en Suisse et les nombreux défis auxquels ils font face.
L’étude explore l’ensemble du système psychiatrique suisse : son financement, ses spécificités cantonales, et ses différentes structures (soins ambulatoires, intermédiaires et hospitaliers). Elle met en lumière des aspects uniques du système helvétique, notamment l’absence de stratégie nationale coordonnée en santé mentale et la forte dépendance aux cantons pour la planification des soins.
Quelques faits saillants :
- La prévalence des troubles mentaux en Suisse reste élevée, avec l’anxiété et la dépression en tête.
- La pandémie a accentué les niveaux de stress, notamment chez les jeunes, sans que les soins ambulatoires ne puissent pleinement compenser les restrictions en milieu hospitalier.
- Les soins intermédiaires se développent, mais manquent de cadre légal unifié.
- Le financement fragmenté des soins crée des déséquilibres, et l’hospitalisation reste souvent privilégiée, parfois au détriment d’alternatives mieux adaptées.
Les défis à relever :
- Rendre le système plus équitable et coordonné.
- Réduire le recours aux mesures coercitives.
- Renforcer la prévention et la santé mentale communautaire.
- Mieux intégrer les patients dans les décisions de soins.
L’article plaide pour une réforme ambitieuse, mêlant coordination intersectorielle, soutien aux professionnels de santé, et reconnaissance des besoins individuels des patients.
Bonne lecture !
Pour se familiariser avec le vocabulaire et les termes de la recherche
La littérature grise désigne l’ensemble des documents produits par des organisations — publiques, privées, ou associatives — qui ne sont pas diffusés par des circuits commerciaux traditionnels de l’édition et qui ne sont pas nécessairement soumis à un processus rigoureux de validation scientifique.
Exemples typiques de littérature grise :
- Rapports techniques ou scientifiques
- Thèses et mémoires universitaires
- Actes de colloques non publiés commercialement
- Documents de travail (working papers)
- Normes, recommandations, livres blancs
- Statistiques officielles
- Documents internes d’institutions (notes de synthèse, rapports d’activité)
- Publications d’ONG, d’agences gouvernementales ou d’organisations internationales
- Témoignages (par exemple dans le domaine du rétablissement)
Caractéristiques :
- Diffusion restreinte ou non commerciale
- Accès parfois difficile (documents non indexés dans les bases de données classiques)
- Contenu potentiellement riche mais parfois sans relecture par les pairs
- Sources variées : ministères, universités, entreprises, laboratoires, etc.
A l’opposé la littérature blanche désigne l’ensemble des publications scientifiques ou professionnelles qui répondent aux critères suivants :
- Éditées et diffusées par des maisons d’édition, revues, plateformes scientifiques. La tendance étant d’aller vers l’accès ouvert et gratuit (open access), afin que cela soit accessible à tous – la recherche étant en grande partie financée par les contribuables. Mais il y a encore beaucoup de progrès à faire.
- Soumises à une évaluation par les pairs (peer review)
- Référencées dans des bases de données bibliographiques classiques (comme PubMed, Scopus, Web of Science)
- Stables et accessibles dans le temps
Exemples de littérature blanche :
- Articles publiés dans des revues scientifiques à comité de lecture
- Ouvrages scientifiques ou professionnels édités
- Chapitres de livres universitaires publiés par des éditeurs reconnus
- Publications dans des revues indexées
Ce contraste permet de distinguer deux types de sources d’information, souvent complémentaires, dans la recherche.
Jérôme Favrod, Goumoens-la-Ville