Contemporary Understanding of the Pathophysiology of Negative Symptoms of Schizophrenia: Implications for Psychosocial Treatments par Indrit Bègue, Stefan Kaiser et Matthias Kirschner
Ce chapitre se penche sur la compréhension contemporaine des symptômes négatifs de la schizophrénie, en mettant particulièrement l’accent sur deux dimensions principales : l’apathie et l’expression diminuée. Ces symptômes, souvent présents dès les premiers stades de la maladie et persistants chez une proportion importante de patients, ont un impact significatif sur la qualité de vie et le fonctionnement social. Malgré leur fréquence, les options thérapeutiques restent limitées, ce qui en fait un enjeu majeur en psychiatrie.
L’apathie se manifeste par une perte de motivation, une réduction du plaisir ressenti (anhédonie) et une diminution de l’intérêt pour les interactions sociales. Les recherches récentes montrent que ces troubles sont liés à des altérations du comportement orienté vers un but. Concrètement, les patients éprouvent des difficultés à anticiper des expériences plaisantes, ce qui pourrait être associé à une baisse d’activité dans des zones cérébrales clés comme le striatum ventral. Ils sont également moins enclins à fournir un effort, que ce soit physique ou cognitif, pour atteindre une récompense, et apprennent moins efficacement des conséquences positives de leurs actions. Par ailleurs, des croyances métacognitives négatives, comme le sentiment d’incompétence ou l’idée que l’effort ne vaut pas la peine, freinent leur engagement dans des activités. Enfin, leur capacité à générer des options ou stratégies pour atteindre un objectif semble réduite, limitant les possibilités d’agir.
Face à ces déficits, certaines approches psychosociales commencent à montrer leur efficacité. Des interventions ciblant la motivation, l’anticipation du plaisir et les croyances défaitistes, souvent sous forme de thérapie cognitivo-comportementale ou de remédiation cognitive, semblent prometteuses pour réduire les symptômes d’apathie.
L’expression diminuée, quant à elle, est moins bien comprise. Elle se manifeste par un affect émoussé, une réduction de l’expression émotionnelle et une pauvreté du discours. Ce type de symptôme semble résulter de ressources cognitives globalement limitées, particulièrement mises à l’épreuve dans des situations sociales complexes. Des difficultés dans la perception et l’expression des émotions, des déficits du langage, et une altération de la métacognition – c’est-à-dire la capacité à réfléchir sur ses propres pensées et émotions – participent à cette expression réduite. Les patients peuvent éprouver une difficulté à structurer et partager leur expérience intérieure de manière cohérente, ce qui renforce leur isolement.
Les approches thérapeutiques visant spécifiquement cette dimension sont encore rares. Néanmoins, des interventions portant sur la reconnaissance des émotions, la communication verbale, ou encore des thérapies axées sur la métacognition commencent à être explorées, avec des résultats encore modestes mais encourageants.
En conclusion, ce chapitre met en lumière les avancées récentes dans la compréhension des deux dimensions des symptômes négatifs de la schizophrénie. Alors que l’apathie bénéficie déjà de modèles explicatifs relativement solides et d’approches thérapeutiques ciblées, l’expression diminuée reste un champ de recherche à approfondir. Mieux distinguer et comprendre ces deux dimensions ouvre la voie à des traitements plus personnalisés, mieux adaptés aux besoins spécifiques des patients.
Jérôme Favrod, Goumoens-la-Ville